Chargement Évènements

« Tous les Évènements

  • Cet évènement est passé

Journée d’études : le texte et l’organisation : parcours analytique autour d’une notion

29 janvier 2016 @ 8 h 00 min - 17 h 00 min

Journée d’études: « Le texte et l’organisation: parcours analytique autour d’une notion », 29 janvier

La journée est organisée par le réseau Org & Co (France), le laboratoire LASCO (UCL) et le laboratoire GERIICO (Univ. de Lille).Vous trouvez en annexe (cliquer sur le bouton en bas) le texte de présentation de la journée et de sa thématique.

Lieu: campus UCL-Mons (Chaussée de Binche, 151 B-7000 Mons), bâtiment A, salle de réunion, rez-de-chaussée. Accès: http://www.uclouvain.be/acces-mons.html

Programme de la journée
9h00 : Accueil
9h15 : Introduction – Sylvie Parrini (Org & Co, Univ. de Nice), Thomas Heller (GERIICO, Univ. de Lille), Andrea Catellani (LASCO, UCL).
09h30 : Patrice de la Broise (GERIICO, Univ. de Lille) : « Le texte et l’organisation ».
10h15 : Andrea Catellani (LASCO, UCL) : « le texte entre principe d’immanence et ‘corpus’ : quelques notes sémiotiques ».
11h00 : pause.
11h15 : François Lambotte (LASCO, UCL) : « le texte, l’organisation et l’approche texte-conversation. Analyse chorégraphique de la valse des notes de gouvernance de l’entité montoise de l’UCL ».
12h00 : discussion et pause.
14h15 : Emmanuel Wathelet (LASCO, UCL) : « considérations sur l’application de l’approche texte-conversation » (titre provisoire).
15h00 : François Cooren (Univ. de Montréal) : « le texte selon l’école de Montréal » (visioconférence).
16h00 : discussion, conclusions et discussion du projet éditorial.

Vous êtes cordialement invités à cette journée d’études; merci aussi de diffuser l’information à toute personne potentiellement intéressée. Participation gratuite, merci de signaler votre présence à andrea.catellani@uclouvain.be, avant le 26 janvier 2016.

Le texte et l’organisation : parcours analytique autour d’une notion.

Séminaire Org& Co, LASCO et GERIICO, Mons, 29 janvier 2016

Ce séminaire a l’objectif de faire le point sur le concept de « texte » dans le domaine de l’analyse des communications des organisations, et aussi dans celui des approches communicationnelles des organisations (comme les approches CCO).

La notion de texte a des ressorts épistémologiques et une portée heuristique incontestables. Cela étant, il s’agit aussi d’un terme aux multiples significations, incorporé différemment dans différents contextes théoriques et méthodologiques : il y a donc matière à préciser « de quel(s) texte(s) nous parlons » et « comment nous le(s) mobilisons ». Ces deux questions sont au cœur du séminaire co-organisé par Org & Co et par les laboratoires GERIICO (Université de Lille) et LASCO (Université catholique de Louvain). Ce séminaire a l’ambition d’articuler différents niveaux :

  • Les fondements conceptuels de la notion de texte ;
  • Un questionnement sémiotique autour de cette notion ;
  • Une réflexion sur les frontières du texte, entre définition stricte comme « discours fixé par l’écriture », d’un côté, et une appréhension plus large, qui va des autres formes signifiantes fixées sur un support à la perspective relevant d’une sémiotisation/textualisation de l’action, de l’interaction, des objets, des situations, des formes de vie.
  • Un cadrage sur le rapport texte-organisation (texte dans l’organisation, organisation comme texte), avec deux points d’attention :

– un questionnement sur les deux aspects de ce rapport : du point de vue de l’étude de données (écrits, texte) et de celui de l’étude de processus (écriture, textualisation) ;

– un questionnement plus spécifique sur les apports des approches CCO et de l’école de Montréal en particulier, en travaillant sur les relations entre différentes traditions et définitions.

Le texte entre clôture et ouverture : les fondements et les développements sémiotiques

Le séminaire veut d’abord revenir aux fondamentaux, comme par exemple le structuralisme et sa réinterprétation par Greimas et son école, l’herméneutique de Paul Ricœur [1] et la théorie derridienne de l’écriture, pour chercher à définir les contours de ce concept, ses origines.

Un focus particulier sera porté sur les différents « avatars » de la sémiotique, entre approches plus « immanentes » et nouvelles approches de l’énonciation, influencées par la pragmatique et la phénoménologie.

En se basant sur la linguistique de Hjelmslev (et de Saussure), et en syntonie avec les approches structuralistes (Lévi-Strauss), Greimas avait proposé la célèbre formule (d’origine ecclésiologique) « hors du texte, point de salut ». C’était le principe d’immanence, censé définir la linguistique, et puis la sémiotique, comme sciences rigoureuses, capable de retrouver dans leurs objets-mêmes les principes de leur explication (voir A. Kharbouch 2015). Ce principe a été critiqué, en accusant ces disciplines de se couper du « vécu », du réel et du monde externe. Après les attaques de chercheurs comme Régis Debray, un écho de ces critiques se retrouve par exemple dans le manuel de sociologie de la communication et des médias d’Eric Maigret, qui arrive à refuser le concept de texte comme réductionniste : « le texte est une métaphore à vocation naturaliste ou sociologiste suivant que l’on voit dans les signes une mécanique innée ou l’arbitraire du social. Il faut plutôt observer les humains et les objets dans une dynamique de relations qui s’opère sur le mode de la découverte permanente des propriétés de ces relations, dans le cadre d’un monde conflictuel qui aspire à devenir un monde commun » (2015, 252).

Ce type de critique a le pouvoir de remettre en discussion ; elle pourrait par contre donner l’impression que la notion de texte est perçue (peut-être) comme trop étroite par rapport aux conceptions sémiotiques et socio-sémiotiques plus récentes, ce qui permettrait de sauver son rôle comme outil euristique d’analyse du social (peut-être avec moins d’aspirations impérialistes que dans le passé). Une stratégie de défense interne au domaine sémiotique a été de distinguer le principe méthodologique d’immanence (prendre au sérieux le texte et sa consistance, comme les travaux d’auteurs comme Catellani cherchent à faire) de l’immanentisme comme vision dans laquelle le sens est vraiment immanent au texte (Rastier cité in Kharbouch, 2). On a aussi proposé des nouvelles orientations (sémio-pragmatique, socio-sémiotique, social semiotics…) qui prennent en considération « l’entour pragmatique » du texte, comme dans le cas de la hiérarchie des niveaux du plan de l’expression de Fontanille [2] (voir A. Kharbouch 2015). La sémiotique est en effet capable de prendre en considération l’extérieur du texte, son « entour pragmatique », mais toujours en le considérant comme, à son tour, configuration signifiante, « texte ». Selon Floch, la formule de Greimas « (…) indique ou rappelle assez que la sémiotique est d’abord une relation concrète au sens, une attention portée à tout ce qui a du sens ; ce peut-être un texte, bien sûr, mais ce peut être n’importe quelle autre manifestation signifiante : un logo, un film, un comportement… ». Et d’ajouter : « (…) Par contre, le contexte dans lequel s’inscrivent ou apparaissent les objets de sens – le fameux “contexte de communication” – sera pris en considération… à partir du moment où il est lui-même abordé comme un objet de sens, comme un “texte” » (Floch, 1990 : 3).

Une socio-sémiotique ne peut ignorer qu’un texte, en tant « qu’énoncé déjà énoncé » est une production sociale. C’est pourquoi la notion d’écritures est préférée par certains chercheurs à celle d’écrits, considérant que ces derniers sont autant d’objets à saisir dans une transtextualité généralisée (Chantraine, 1997). Cette approche, développée par exemple par Patrice de la Broise, entend donc considérer non seulement le texte-objet, avec sa « grammaire », mais surtout la textualisation qui s’inscrit dans une activité sociale qui, elle-même, a sa « grammaire ». De fait, la clôture du texte [3] (Paolucci, 2010) peut être franchie à travers les itérations et interprétations multiples qu’il suscite. Cette ouverture n’est pas sans rappeler la « sémiotique ouverte » de J.-J. Boutaud et E. Veron ; le sociologue Maigret de son coté intègre une « socio-sémiologie » dans sa « chaine des savoirs en sociologie des médias » (2015, 251). Cette ouverture n’empêche pas de continuer à considérer l’analyse de l’organisation interne du texte comme une étape d’un parcours plus long, et plus approfondi. Elle pose aussi le problème de la définition du texte, ou au moins de la « traduction » de cette notion d’une approche à l’autre.

L’organisation et ses textes, l’organisation comme texte

L’organisation comme objet spécifique – comme texte ou architexte, ou en tout cas comme lieu de production textuelle – est au centre de l’attention de ce séminaire. Si nul ne prétend que l’organisation soit réductible au langagier (Le Moënne, 2010) [4], « il est modeste et probable que le langage soit une modalité de l’action comme aussi, par certains aspects, toute action relève du langage » (Chantraine, 2012). A cela il faut évidemment « ajouter » les autres formes signifiantes (visuelles et autres) ; plus radicalement, il faudrait accepter l’ouverture à une sémiotique organisationnelle générale, qui considère les différentes formes sémiotiques dans leur ensemble, dans le cadre de la dynamique organisationnelle. La relation entre textuel linguistique (verbal) et non verbal reste à définir, à partir de la dimension purement terminologique. Ensuite, la relation entre textes et dynamique organisationnelle reste à interroger.

À lire les travaux des chercheurs de Montréal et les thèses qu’ils inspirent – à l’instar de celle d’Emmanuel Wathelet, soutenue récemment à l’UCL –, on remarque l’intérêt de croiser un regard sémiotique avec celui des approches CCO (Communication as Constitutive of Organizations), lesquelles ont indéniablement contribué à revisiter la part textuelle de l’organisation à travers la théorie du cycle texte-conversation. La conceptualisation du « texte » dans le cadre de ces approches, et en particulier de l’école de Montréal, mérite une présentation approfondie, pour en saisir la portée et la relation avec d’autres acceptions. Les chercheurs du LASCO développent ces approches (voir par ex. les travaux de Lambotte, et une série de thèses en cours), en cherchant à en tirer toutes les conséquences empiriques.

Du texte, nécessairement ancré dans la pratique langagière (éventuellement en incluant les différentes formes sémiotiques, verbales et autres), nous retenons enfin, avec Patrice de la Broise, l’étymologie latine du tissu et de sa trame qui donnent à lire et à interpréter l’organisation : « le propre d’un texte est d’appartenir à la sphère du lisible ou de l’interprétable. Une organisation qui n’est pas textualisable n’est pas reconnaissable. C’est par le biais de sa textualisation que l’organisation reçoit le statut d’objet et devient ainsi quelque chose de manipulable et de changeable (…) C’est dans sa textualisation qu’elle acquiert un sens » (Taylor, 1993 : 53).

Cela est manifeste dans les nombreux écrits qui, tantôt, fixent les cadres réglementaires d’une activité comme autant de règles de contrôle, tantôt, matérialisent cette activité dans un système de traces et y participent par la production d’écrits au/du travail. Ou, plus exactement, de la textualisation de l’organisation, considérant notamment la manière dont l’écriture de la règle et ses variations participent effectivement d’une écriture de l’organisation.

Du texte, ancré dans la pratique langagière verbale ou d’autres types, nous retenons également sa visée performative, à travers la notion d’architexte (Jeanneret) ; mais aussi nous retenons, à travers la notion d’écriture, son rôle comme activité de travail et activité d’organisation (P. Delcambre).

Le séminaire permettra, nous l’espérons, de faire avancer la connaissance autour du texte en tant qu’« accélérateur épistémologique » et outil euristique pour la recherche d’aujourd’hui sur la communication des organisations.

Notes :

[1] Paul Ricœur, « Qu’est-ce qu’un texte ? », dans Du texte à l’action, Essais d’herméneutique II, Seuil, 1986, p. 156.

[2] Jacques Fontanille, « Signes, textes, objets, situations et formes de vie. Les niveaux de pertinence sémiotique », http://htl.linguist.univ-paris-diderot.fr/sfont.pdf

[3] « On peut penser la clôture de ce qui n’a pas de fin. La clôture est la limite circulaire à l’intérieur de laquelle la répétition de la différance se répète indéfiniment. C’est-à-dire son espace de jeu. Ce mouvement est le mouvement du monde comme jeu » (Derrida, 1967 : 367).

[4] « (…) Les modalités sociales de significations de l’action ne sont pas seulement langagières mais des agencements de formes sémiotiques, organisationnelles et techniques perpétuellement recomposés sous l’effet des événements, discontinuité, informations (Le Moenne, 2010).

Détails

Date :
29 janvier 2016
Heure :
8 h 00 min - 17 h 00 min
Catégorie d’Évènement:

Lieu

UCL Mons
Chaussée de Binche 151,
Mons, Hainaut 7000 Belgique
Phone
065 32 32 11
Translate »